486. - Sandra a écrit une très jolie note sur ce sujet, poignante et vibrante.
Cela tranche avec le ton habituel qui amène chez elle des netsurfeurs pervers au gré des requêtes roses, ce dont elle s'étonne avec une dichotomie d'esprit qui confine à la schizophrénie blogguosphérique.
Nous vivons chacun en permanence avec trois images en nous : celle que l'on a de nous-mêmes, celle qui est perçue par les gens qui nous entourent et celle que l'on désire montrer aux autres.
Mes trois images ont évolué au cours de ma jeune vie. Enfant j'étais très renfermé, j'imposais une espèce de présence on sentait que j'étais dans la pièce mais par mon silence et mon air impassible j'inquiétais mon entourage qui avait de moi l'image du "garçon qui ne rit jamais".
Adolescent, je me suis carrément lâché, j'étais toujours silencieux mais je souriais aux blagues de mes camarades, sans surenchérir. j'étais d'une timidité maladive et je ne voulais surtout pas danser avec une fille avant d'éprouver des sentiments pour elle. Wouahhh, le ringard !
Il est arrivé un drame à mes 19 ans, mon ami du lycée Martial Sarkissian est mort d'un accident de voiture, il était né 2 jours avant moi le 21 novembre. J'en ai pleuré la nuit où j'ai appris la nouvelle de rage car c'était injuste de partir si tôt avant d'avoir connu quoi de la vie. Depuis ce jour, je ne pleure plus vraiment. Parfois je me dis que ma vie est du bonus et qu'elle aurait très bien pu s'arrêter au même moment.
Martial était très gai, jovial et avait toujours des répliques trop drôles. Je me suis transformé et je suis devenu un peu plus comique et un peu moins le garçon qui ne rit jamais. J'ai rangé ma timidité aux vestiaires et je suis allé vers les autres.
Après des études quelque peu mouvementées en cours du jour, en cours du soir avec des examens les dimanches et une période festive mise entre parenthèse, j'ai connu le chômage. 18 mois.
J'ai tenté en vain de monter une boite avec un ami mais l'amitié et les affaires ne font pas toujours le meilleur cocktail. En revanche, j'ai dû m'ouvrir vraiment aux autres, m'intéresser plus pour trouver de nouveaux clients, être à l'écoute et arrêter de penser que je suis le plus beau le plus fort comme on nous le serine à l'envi dans les écoles d'ingénieur et de commerce.
Retombé de mon piédestal, je suis devenu plus humble et plus accessible aux autres. Parfois j'en ai fait des tonnes, mais je me corrige et reste à l'écoute des avis favorables et même des non-dits, dans le but de me rapprocher le plus de l'image que je souhaite donner aux autres.
(Crédit photo Martial Sarkissian : Michaël Korchia Photographe)
(TheZique : Moby - Extreme Ways)
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