1211.- J'ai terminé mon premier trail et mon premier ultra. Quatre-vingt-deux kilomètres dans les forêts de l'Île de France, soit deux marathons d'affilée à courir, c' était un challenge de dingue.
C'était magique, merveilleux, extraordinaire, courir comme ca pendant 12h quelle folie mais quel bonheur aussi.
Vendredi j'avais pris ma journée, je suis parti à l'arrache chez Go Sport me prendre des chaussures adaptées comme il était prévu des averses dans l'après-midi du samedi 26 mars 2011, il y avait des Asics et quel bonheur, des Nike Trail jolies et solides qui ressemblent un peu à mes Vomero en version trail.
La veille de la course, je recevais Romuald et Yannick deux amis runners de Fécamp en Normandie qui avaient besoin d'un hébergement pour arriver relativement frais le jour J.
(Les vikings trailers Romuald Levicq et Yannick Coupau)
En tant que coureur sur route, j'ai pu bénéficier de leurs conseils éclairés de trailers avertis car c'était ma première course nature. J'avais juste fait une reconnaissance de quinze kilomètres vers Chaville et elle m'avait séché pendant tout le week-end, cela promettait pour la version longue de quatre-vingt kilomètres.
La course démarrait assez tard dans la journée à midi trente sur la base de loisirs de Saint Quentin-en-Yvelines. Contrairement à un semi ou à marathon où ils sont placés tous les cinq kilomètres, les deux premiers ravitaillements se situaient aux 22ème et 56ème km, ce qui découpait l'épreuve en autant d'étapes entre les points de récupération.
Première étape : 0-22 km de Saint Quentin-en-Yvelines à Buc (
Communes traversées : St Quentin-en-Yvelines, Montigny-le-Bretonneux, Guyancourt, Buc)
Au coup de sifflet, tout le monde part comme des fous à 12-13 km/h. Yaya est parti avant car il est d'un bien meilleur niveau. Romu et moi restons à l'arrière mais nous laissons entrainés à une allure de 10-11 km/h quand même rapide pour démarrer un trail de 82 km. Nous tenons bien le rythme mais je ressens le premier coup de mou ... au 13ème kilomètre, un peu tôt quand même ! Romu me dit de ralentir car on est partis vite et on risque de ne pas atteindre Chaville au 56ème km.
Nous courons autour du grand étang de St Quentin-en-Yvelines et rencontrons les premières difficultés avec des premières montées et autant de descentes dans la Forêt domaniale de Versailles. Au bout de 2h26 nous arrivons à bout du premier semi pas trop fatigués au ravitaillement de Buc.
Un groupe de jeunes joue et chante de la musique en live, c'est très sympa et on retrouve des têtes croisées au départ, on se partage les premières impressions, on refuele son camelbak. Je prends du coca, du fromage et un peu de saucisson pour couper le goût de l'eau sucré que j'ai siroté pendant plus de deux heures.
Après une pause de vingt minutes, nous repartons de plus belle pour la partie la plus longue et la plus dure de la course, de Buc à Chaville soit 34 kilomètres non stop.
Deuxième étape : 22-56 km de Buc à Chaville (
Communes traversées : Buc, Jouy-en-Josas, Viroflay, Vélizy-Villacoublay, Meudon, Chaville)Assurément la partie la plus technique de l'Eco-Trail où il fallait avoir le coeur bien accroché. C'est long, c'est dur et en plus il pleut. Quand la pluie est tombée et après quand nous avions un sol gras, regorgé d'eau où les pieds faisaient floc floc en touchant le sol, je me réjouissais du fait de ne pas avoir couru en chaussures de route comme je l'avais envisagé au début !
Entre les montées et les descentes bien casse-pattes, nous avons eu deux temps forts sur ce tronçon.
Au 42ème km, j'étais en rupture d'eau, j'étais à sec car j'avais mal géré ma réserve, elle était vide. Je commençais à stresser car faire quatorze kilomètres sans eau relevait de la mission impossible. Pour me donner des forces, je pris une barre de céréales énergétique et avançait à la force de la volonté. Bizarrement, je n'ai pas ressenti de mur et je m'attaquais quand même à mon deuxième marathon d'affilée de la journée. De temps en temps je me retournais pour voir si Romu était derrière moi car à partir du 30ème kilomètre, il avait commencé à relâcher l'allure et m'avait conseillé de prendre un peu d'avance.
Fort heureusement, grâce à la providence en arrivant à l'Observatoire de Meudon sous une pluie battante, je vis un gamin actionner une pompe à eau qui fonctionnait !
J'étais tout content et j'allais remplir fissa ma poche à eau accompagné d'une poignée de trailers à sec comme moi. Cela faisait du bien au moral, il me restait huit kilomètres avant Chaville et j'étais plus tranquille car mes lèvres étaient sèches et je commençais à ressentir les effets du manque d'eau.
Au 48ème km, nous sommes arrivés au point de contrôle officiel où des bénévoles étaient chargés de pointer notre kit de sécurité : il fallait absolument avoir avec soi une couverture de survie, une lampe frontale et un brassard fluorescent. J'avais acheté ma couverture la veille chez Endurance Shop, Romuald et Yannick m'avaient ramené une lampe frontale et un brassard de sécurité, ouf !
J'ai passé le contrôle et j'ai pu continuer ma folle course alors que je croisais un trailer qui faisait route dans l'autre sens, il n'avait pas de brassard et était disqualifié après avoir ramé pendant 48 km, terrible quand même.
Après la pluie, la nuit et les lampes frontales ont commencé à s'allumer dont la mienne que je portais depuis le départ.
Les sentiers étaient étroits et bien souvent nous ne pouvions passer que par un ou deux et je passais de groupe en groupe en alternant la course sur les descentes et les plats, la marche sur les montées.
Je serrais les dents et arrivais enfin à Chaville sur un plateau que j'avais déjà visité lors de la sortie de reconnaissance de l'Eco-Trail.
Troisième étape : 56-72 km de Chaville au Domaine national de Saint-Cloud (
Communes traversées : Chaville, Ville d'Avray, Marne-la-Coauette, Domaine national de Saint-Cloud)
Je suis arrivé lessivé à ce second ravitaillement. Mais j'avais fait le plus dur 56 km, il reste 26 km avant la Tour Eiffel. Deux verres de coca, deux thés bien sucrés, j'étais entre la joie et la souffrance, j'avais envie de pleurer.
En ouvrant mon iphone, j'ai lu les messages que s'échangeaient les amis sur mon parcours, c'était un vrai feuilleton en direct !
Tous suivaient mon odyssée aux points de contrôles en s'interrogeant sur mon état de santé, j'étais le héros du jour et ils m'ont donné une pêche folle. Je pris le temps de leur écrire un message à leur attention pour les remercier de leurs messages adorables.
Tous ces messages m'ont véritablement porté et lorsque je me sentais au plus bas, prêt à m'écrouler je sentais toutes leurs pensées positives me crier dans l'oreille d'avancer et d'aller toujours vers l'avant. C'était l'endorphine ou mes amis, toujours est-il que j'ai accéléré comme un fou durant la dernière partie de la course. Le plus dur était derrière moi, je savais qu'il restait encore dix kilomètres un peu difficiles après les seize derniers allaient être plus roulants.
Comble du bonheur, il y avait encore un ravitaillement que j'avais oublié, celui du 72ème kilomètre situé sur le domaine national de Saint Cloud. J'aurais pu faire sans, mais il a suffi pour assurer une bonne pause avant de repartir sur les dix derniers tranquille-mimile.
Quatrième étape : 72-82 km Domaine national de Saint Cloud à la Tour Eiffel (
Communes traversées : Domaine national de Saint Cloud, Sèvres, Meudon, Issy-lès-Moulineaux, Paris XV et Paris VII)
Dans la forêt c'était magique, j'étais seul avec ma lampe frontale, c'était la nuit noire et je voyais s'agiter des lumières tout autour de moi. Elles m'indiquaient la voie à suivre telles des petites lucioles. On voyait également les parties fluo des tenues de trail et cela donnait un aspect TRON très irréel et cinématographique à la balade que j'étais en train de faire. J'avais sommeil mais j'étais très près du but et je me sentais pousser des ailes. Je fonçais désormais sur les descentes et dépassais tous les coureurs que je pouvais sur les plats. On arrivait à l'Île Saint Germain mon terrain de jeu et je me sentis chez moi. C'était le parcours des vingt-deux kilomètres que j'avais fait des dizaines de fois depuis décembre. Les organisateurs nous ont fait faire quelques boucles dans l'Île et sur les quais et j'eus le plaisir de voir au niveau d'Issy-les-Moulineaux des supportrices de choc en les personnes d'Anne, Monique et Anne-Gaëlle qui encourageaient les compétiteurs depuis plusieurs heures et m'attendaient pour faire les derniers kilos avec moi. Quel bonheur d'avoir des têtes connues !
Sur le Pont de Bir Hakeim, Xuoan et le coach Waldy himself avaient fait le déplacement pour me soutenir dans les derniers hectomètres !
(
Waldy, Anne et Monique, crédit photo : Xuoan Duquesne)Je me sentais si bien après avoir fait cette course de folie que je pinaillais et profitais pour prolonger un peu plus ce moment en marchant tranquillement jusqu'à la Tour Eiffel.
En piquant un dernier sprint sur le Quai Branly, je me présentais au pilier de la Tour et pris le ticket qu'une caissière me tendit avec le sourire jusqu'aux oreilles.
Les marches du premier étage ne furent qu'une formalité et je me fis flasher avec un énorme bonheur au Premier Etage avant de récupérer le tee-shirt tant convoité de Finisher.
J'avais réalisé mon rêve !
Cette journée restera gravée dans ma tête comme un grand souvenir sportif tout comme mon premier marathon de paris.
Je remercie mes amis qui m'ont soutenu et donné de leur énergie tout au long de cette folle journée, les organisateurs de cette course fantastique et tous les bénévoles qui ont été si généreux, qui ont bloqué les routes pour nous faire passer, qui nous ont servi des boissons et des collations bien vitales.
Quelle aventure mazette, elle m'a donné envie de resigner pour l'Eco-Trail 2012 !
Toutes les stats de ma course sur
Garmin. Toutes les photos sont sur
Flickr.
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Eco-Trail de Paris 2011", site officiel
Blog de Romuald Levicq, le trailer fou venu de Normandie
Produits Effinov Sport d'Anthony Berthou, nutritionniste
Blog Anne Valero, championne de l'Eco-Trail 2008, deuxième en 2011
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