917.- La nouvelle a retenti sur France 2 dans Télématin.
(Crédit photo : AFP)
"Deux députés PS des Pyrénées-Atlantiques, David Habib et Martine Lignières-Cassou, ont pris part lundi à une grève de la faim "tournante" des salariés de l'usine Celanese à Pardies, dont la fermeture a été annoncée par le groupe chimique". Encore une usine pourrait-on dire, comme chaque semaine après Faurecia, Michelin, surtout dans l'industrie automobile.
La raison pour laquelle je suis plus sensible à cette nouvelle est que j'y ai travaillé pendant un certain temps entre 2003 et 2004. Je mettais en place les nouvelles fonctionnalités de OPM Oracle Process Manufacturing dans le domaine Production Stock et Logistique en industrie chimique puisque l'activité principale d'Acetex à l'époque était de synthétiser de l'acide acétique.
Les médias en parlent comme d'un composant essentiel à la fabrication du vinaigre, pas que cela car il sert également à fabriquer du solvant pour des opérations de teinture et d'impression, de développement photographique, du nettoyage dans la fabrication de semi-conducteurs, de synthèse de parfums.
Je me suis attaché à ces personnes que j'ai rencontrées au service informatique, les responsables logistiques ou les chefs de fabrication ainsi que l'assistante de direction car ils nous avaient réservé un accueil bien sympathique pour nous qui étions des consultants en goguette dans le Sud Ouest. Peu après mon départ, les américains ont racheté en 2005 Acetex et ont renommé l'usine Célanèse en cassant au passage leur système d'information et en implémentant SAP avec des allemands peu ouverts à la discussion.
La fermeture de Célanèse entraine la fermeture de Yara, Air liquide, tous les sous-traitants soit au total 2 000 familles, 2 000 foyers. Il existe d'éventuels repreneurs, mais les américains ne sont pas vendeurs. Ils ont pris le carnet de commandes et ils cessent l'activité jugée officiellement peu rentable.
Les salariés font ce qu'ils peuvent depuis pour s'opposer à cette décision sans toutefois user de la séquestration de leurs patrons (Blocage des trains sortant de l'usine, grève de la faim tournante, manifestation aux péages).
Avant il y avait encore le délit d'espionnage industriel, aujourd'hui avec la libre circulation des capitaux, n'importe quel groupe financier peut racheter une usine, la dépecer et faire des plus-values de folie en pratiquant la vente par appartement au mépris des salariés laissés sur le carreau.
Giao,
Je suis toujours en admiration sur tes articles, la qualité de ta rédaction, ton "bon français", sans faute d'orthographe, et la qualité des sujets.
J'ai vaguement l'impression que bientôt, avec tous les licenciements, les rachats, les réorganisations, et les fusions-acquisions à tout va, les richesses de ce monde ne vont appartenir qu'à un petit groupe de 20 personnes à tout casser et que si l'on veut retrouver du travail, dans 15 ou 20 ans (dans le meilleur des cas - si ce n'est avant), il va plutôt falloir chercher du travail dans les pays tels que la Chine, le Brésil, le Mexique, l'Inde, le Maghreb, et les pays d'europe centrale et orientale, puisque ce sont dans ces zones-là que les emplois seront tous concentrés finalement...
Les pays d'où provenaient les anciens immigrés vont devenir les nouveaux pays d'accueil...
Comme on dit si bien : "la roue tourne"...
Rédigé par : Maro | 15 avril 2009 à 15:19
merci maro, on peut s'interroger en effet sur l'inversement des mouvements migratoires
pourquoi pas un exil généralisé vers les terres rurales et le retour à la terre pour l'avenir ?
nous verrons bien !
Rédigé par : giao | 15 avril 2009 à 16:37
Oui, ce serait une échappatoire. Mais dis-toi bien que les terres coûtent cher, que si c'était le cas, on referait des guerres pour des "morceaux de terre" (comme la chanson !. A cela s'ajoute un autre problème : quelles sont les populations qui accepteraient d'être rémunérées pour (re)travailler la terre ? A qui va-t'on donner ces emplois ? Va-t'on faire venir d'avantage d'immigrés pour le faire, sachant que ceux-ci pourraient très bien le faire dans leur pays..?
Certains pays du Golfe achètent déjà des terres en Afrique pour assurer une alimentation locale (les pays de Golfe n'ont pas de terrains fertiles) et aussi pour pouvoir vendre (je suppose).
Nous sommes devenus victimes du système que nous avons créée par nos propres mains.
Quel genre de modèle de société va-t'on encore inventer ?
Rédigé par : Maro | 16 avril 2009 à 13:37
"inversion des flux migratoires" me semble être l'expression la plus communément utilisée dans le domaine. Une expression toute faite comme "Extension du domaine de la lutte" sur la marchandéisation de la sphère personnelle.
En ce qui concerne la crise, il y en a toujours eu. C'est intrinsèque au système dans lequel nous vivons. Ce n'est ni la première ni la dernière. La prochaine en 2018...
Rédigé par : nicolas guillaume | 16 avril 2009 à 13:51