1306.- Le pari était audacieux de succéder à Paul Verhoeven dans l'adaptation de Philip K. Dick intitulée "Souvenirs à vendre" (avril 1966).
Dans la trame scénaristique de la nouvelle, l'action se passe autour de la société Rekall, Inc. qui implante des souvenirs pour qui paye les crédits correspondants. Dans le film de Verhoeven comme dans la version 2012 qui est plus inspirée du film que de la nouvelle en définitive, l'agence de reprogrammation de la mémoire est le point de départ et non le centre de l'histoire.
Le film de 1990 avec Schwarzenegger m'avait bien marqué et je l'avais vu une dizaine de fois, suffisamment pour connaître par coeur certaines répliques existentielles cultes comme : "Si je ne suis pas moi, qui je suis bon sang ?!?" (en vo :"If I'm not me, who the hell am I ?!?"), reprise à l'identique dans le remake.
Dans le film il y a d'ailleurs deux références directes au film originel : la femme aux trois seins y fait une apparition alors que sa présence n'est pas vraiment justifiée car il n'y a pas de mutation génétique dans la nouvelle version futuriste de la Terre que l'on nous propose alors qu'en 1990, les habitants de la planète Mars où l'action se déroule, sont soumis à des radiations non mortelles mais responsables de transformation de leur ADN.
La deuxième référence est la grosse femme rousse en robe jaune qui se présente au contrôle des douanes et qui a une réplique-culte également : "Deux semaines".
J'ai revu récemment le Total Recall original, outre la musique de Jerry Goldsmith qui n'a pas pris une ride, la production design a pris un bon coup de vieux. Les bons sentiments y sont mais cela fait trop carton-pâte, depuis les décors de Mars jusqu'au chauffeur de taxi-androïde.
Par-contre l'intrigue se tient bien et on peut voir dix fois le film, l'intensité dramatique et le déroulé de l'histoire est cohérent contrairement à la nouvelle version.
Dans la version Len Wiseman, on a deux mondes cohabitant sur Terre donc deux visions du futur. D'un côté un Londres classique agrémenté d'immeubles futuristes et proprets, d'un autre une terre bidonville remplie de pollution et de pluie acide qui rappelle trop Blade Runner (1982) le chef d'oeuvre de Ridley Scott.
Il y a beaucoup d'emprunts ici et là : les voitures sont copiées sur Minority Report (2002) de Steven Spielberg où Colin Farrell jouait d'ailleurs un rôle principal et les soldats du Chancelier Cohaagen ressemblent à des synthétiques de I, Robot (2004) d'Alex Proyas avec Will Smith.
Par ailleurs, les effets optiques où l'on voit à l'écran les reflets lumineux des sources de lumière sont pompées sur Star Trek (2009) de J.J. Abrams qui avait lui-même copié le procédé sur Les Rivières Pourpres (2000) de Mathieu Kassovitz.
La vraie originalité du film réside dans l'invention du moyen de transport La Chute (The Fall en vo) qui est très bien trouvée et calquée sur le modèle d'un Boeing 747 par le chef-décorateur français Patrick Tatopoulos.
Le héros ne voyage pas sur Mars et sa fausse femme ne meurt pas trop rapidement dans le film, ce sont les deux entorses à l'histoire racontée par Verhoeven.
Pour le reste, Len Wiseman a fait un bel effort d'imagination pour présenter une histoire basée sur les mêmes personnages qui vivent une aventure proche mais différente et intéressante qui se laisse suivre avec plaisir.
En bref j'ai bien aimé l'ambiance du film, les scènes d'action lisibles et l'identité visuelle extrêmement bien léchée, on peut en faire de belles choses pour 200 millions de dollars US. 8/10.
J'ai noté quelques incohérences de scénario que je vous livre pour ceux qui ont vu le film ou ceux qui n'ont pas l'intention d'y aller : ATTENTION SPOIL
1) On ne comprend pas pourquoi McClane le chef de Total Recall se retourne contre Douglas Quaid juste avant l'opération d'implantation de son souvenir, il s'exprime juste en disant : "tu es un espion !"
2) Le chef de la résistance Matthias joué par le chef des Vampires Bill Nighy dans Underworld (2003) de Len Wiseman, on dit que personne ne l'a vu et on se demande même s'il existe. Ensuite il apparait que c'est un homme lambda un peu plus sage qui se cache dans la partie contaminée de la planète, alors que dans la version de 1990 il apparait comme un mutant schizophrène.
3) La relation entre Quaid et Cohaagen n'est pas clairement établie, il est dit que l'un est l'agent secret préféré du Chancelier alors qu'en réalité ils sont même les meilleurs amis or cela n'apparait pas vraiment dans la nouvelle version.
4) Une dernière pour la route : Cohaagen est un politicien plutôt senior et il prend le dessus sur Quaid qui est rompu à toutes les techniques de combats de Jason Bourne et descend des soldats surentrainés par paquet de dix, ça c'est une belle blagounette.
Sympa ton article qui compare les deux versions ! J'ai un ami qui veut y aller , j'hésite, ça me dit moyen. Mais ton article me pousse a dire ok ! :=)
Rédigé par : Aurore | 28 août 2012 à 12:46