De Arthur Rimbaud je ne sais pas grand chose. Il est né dans les Ardennes, dans une famille de 4 enfants dont il était le deuxième fils, avec un frère ainé et 2 soeurs plus jeunes, Vitalie et Isabelle. Son père est capitaine d'infanterie et sa famille paysanne. Très doué pour l'écriture, il manifeste son engagement et son soutien pour les insurgés de la Commune en 1871 par le poème "Chant de Guerre Partisan". Après une fugue à Paris, il écrit des lettres à Verlaine qu'il joint à des poésies.
"Venez chère grande âme, on vous appelle, on vous attend", l'invite Paul Verlaine, marié à une riche bourgeoise Mathilde, Mathilde Mauté de Fleurville. Arthur monte à Paris rejoindre Paul avec pour seul bagage, son poème "Le Bateau Ivre" mais avec une tenue grossière, débraillée et insultante, il se fait mal voir par la belle famille de Verlaine. Hébergé par Verlaine, ils courent les bars du Boulevard Saint-Michel, se soulent à l'absinthe et Verlaine lui apprend les rudiments du piano, attribuant à chaque note du piano, le son d'une voyelle et qui lui inspirent "Voyelles". Partis à Bruxelles, Ostende et Londres, pendant 2 ans entre 1871 et 1873, Arthur et Paul entretiennent une liaison interdite et Mathilde demande la séparation de corps et de biens. Rimbaud excédé par les disputes avec son amant torturé, le quitte et se fait tiré de deux balles dont une au poignet. Voyageant entre Marseille, Chypre, Charleville, il apprend l'arabe et meurt des suites d'une douleur au genou qui le fait amputer et qui s'aggrave en cancer généralisé. Il est enterré dans sa ville natale à Charleville. Il avait 37 ans. Il laisse derrière lui une oeuvre exaltante où les mots ne sont pas là pour exprimer avec beauté les émotions de tout le monde mais pour forcer le lecteur à s'en inventer de nouvelles.
Merci Capou pour ce très beau voyage en compagnie de ces âmes blessées.
Voyelles
A noir, E blanc, I rouge, U vert, 0 bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d'ombre; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs frissons d’ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
0, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
— 0 l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Wouah, ça me rajeunit pas !
Je crois bien que j'avais vu ce poème au collège.
J'aime beaucoup Rimbaud. Sa folie qui confine au génie (ou l'inverse) donne tantôt des oeuvres super sérieuses (comme par exemple "Le dormeur du val"), tantôt des trucs complètement ésotériques comme ce "Voyelles" que tu présentes.
Ce que j'aime avec Voyelles, c'est qu'il ne faut pas essayer de comprendre, il faut simplement le ressentir.
Rédigé par : Willy | 14 janvier 2007 à 10:06