Parfois l'esprit de corps et la ferveur de certains collaborateurs envers leur entreprise me laissent perplexe, voire me choquent profondément. Pas plus tard que cette semaine, une copine d'une institution financière qui se fait absorber, m'a sorti : "On s'est faits enflés par untel sur les modalités d'évaluation de la mariée et la parité de l'échange d'actions". Quel est donc ce "On" ? Ce qui m'énerve c'est qu'elle parle de la fusion-absorption comme s'il s'agissait de ses propres deniers alors qu'elle est juste salariée comme vous et moi. Or, à moins d'être un chanceux ">#ù^*µ$@è***(]&!!: de fonctionnaire qui ne risque rien sauf le placard ou le harcèlement moral - ce qui n'est déjà pas mal, vous en conviendrez - la loyauté et la fidélité n'ont jamais payé dans le monde du travail. J'en veux pour preuve mon papounet, resté plus de 22 ans dans la même société qui s'en est fait éjecté en pré-retraite comme une imprimante échue ou du mobilier de bureau, sans cérémonie ni honneur, d'un Big Five, également. Bis repetita, non placent forcément.
Je suis content lorsque ma boîte gagne des marchés bien sûr, surtout s'ils concernent mon business mais je ne vais pas pleurer lorsque les top-dirigeants font des deals un peu moins intéressants parce qu'en face il y a des requins encore plus voraces. Chacun oeuvre à son niveau, moi à la base et à chaque jour, ma penne me suffit bien assez pour écrire mes livrables. D'ailleurs, selon quel principe naturel ou quel axiome, notre destin et celui de notre employeur seraient-ils liés ?!? Aucun ! Ce n'est pas parce que l'entreprise présente un bilan et un compte de résultats éclatants que les salariés améliorent leur condition quotidienne. En 2002, lorsque la firme chez laquelle j'émargeais, avait maille à partir avec le Département de Justice américaine à cause de la faillite du plus gros courtier en énergie, ENRON, je faisais partie du premier chariot des départs provoqués ... et négociés. Je me suis fait licencié comme un malpropre après 5 ans de quasi-adoration pour cette institution dans le monde du conseil. Et pan dans les dents, j'étais réveillé d'un coup lorsqu'ils m'ont sorti que je n'avais plus ma place dans l'organisation. C'est une superbe signature que je ne renie pas bien au contraire, mais mon affection vis-à-vis d'elle a évolué avec ces événements et les conditions de mon départ.
Ma boîte allait très mal, elle se faisait vendre par appartements mais j'ai eu un pactole qui m'a permis d'avancer la mise de départ pour l'achat du mien.
C'est une inepsie de croire que notre situation et la santé financière de notre entreprise sont liées. Certains devraient en prendre de la graine ;o)
Et après nos employeurs nous demandent d'avoir l'esprit Trucmuche & Cie, de penser et de manger Trucmuche & Cie...
Ce qui me fait délirer, ce sont mes entretiens d'embauche pour mes petits jobs étudiants : "Mais oui, monsieur, mon but dans la vie c'est de servir des verres/vendre des pyjamas par VPC/louer des grues... tout ça pour vous engraiss... pour la prospérité et votre postérieur, euh votre postérité, pardon".
Rédigé par : Thulip | 07 août 2006 à 15:37